Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 9 mars 2014

L'homme qui aimait les îles

David H. Lawrence
Traduit de l'anglais par Catherine Delavallade
L'Arbre Vengeur


"C'était un homme qui aimait les îles. Il était né sur une île, mais elle ne lui convenait pas car, en dehors de lui, il y avait trop d'habitants. Il voulait une île à lui ; pas nécessairement pour y être seul, mais pour en faire son monde à lui". Ainsi commence le récit de David H. Lawrence qui nous conte l'installation de Cathcart, son personnage, sur sa première île, entouré de quelques personnes choisies : un maçon, un charpentier, un capitaine de voilier... Un petit monde en soi qui semble vénérer "le Maître" mais qui se révèle rapidement un univers étriqué, où chacun semble mentir chaque jour un peu plus et où l'illusion d'un monde idéal ne fait pas long feu.

Qu'importe ! Une deuxième île, plus petite, moins peuplée devrait faire l'affaire. Là, notre insulaire se lance dans la rédaction d'un livre de botanique, commet l'erreur de mettre dans son lit la fille de sa servante, qui ne tarde pas à être enceinte, et s'aperçoit très vite que ce lieu n'est pas le paradis imaginé : il ne lui reste qu'à fuir !

Heureusement, le monde est vaste et les îles nombreuses : la troisième est encore plus petite et il ne s'y autorise, pour seule compagnie, que quelques moutons, un chat et les mouettes. Trouvera-t-il enfin la plénitude sur ce caillou balayé par les vents, ou l'hiver et la solitude auront-ils raison de ses derniers espoirs ?

David H. Lawrence, auteur prolifique principalement connu pour son roman l'Amant de Lady Chatterley, fut lui-même un voyageur insatiable et insatisfait. Dans cette nouvelle écrite quelques années avant sa mort et qu'il présente comme l'une de ses préférées, il révèle une misanthropie profonde qui laisse à penser que la seule île, en définitive, qui puisse satisfaire son personnage se trouve en lui. Voilà toute la dimension philosophique de ce récit en trois temps, où les tourments d'une âme angoissée font écho aux cris des oiseaux marins et où l'écriture poétique annonce avec la dernière bourrasque ce qui sera le dernier souffle.

Paul Gauguin, Paysage de Te Vaa. 


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