Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 16 juin 2013

L'année du lièvre

Tian
Gallimard
Tome 1 : Au revoir Phnom Penh
Tome 2 : Ne vous inquiétez pas

Une fois n'est pas coutume, c'est de BD dont je vais vous parler cette semaine. Ceux d'entre vous qui me connaissent savent mon attachement au Cambodge ;  si la renaissance de la littérature khmère est encore balbutiante, la bande dessinée offre, quant à elle, quelques regards intéressants sur l'histoire dramatique de ce pays du sud-est asiatique.

Tian, l'auteur de "L'Année du lièvre", est né au Cambodge en 1975, trois jours après la prise du pouvoir par les Khmers rouges. Très vite, ses parents quittent le pays pour s'installer en France. Devenu adulte, le jeune homme - qui a étudié les arts décoratifs - souhaite raconter ce que ses proches ont vécu. Plusieurs voyages au Cambodge lui permettent de recueillir des témoignages qui lui serviront à élaborer sa trilogie baptisée du nom du signe astrologique chinois caractérisant l'an 1975.

"L'Année du lièvre" raconte le périple d'une de ces nombreuses familles contraintes de quitter Phnom Penh pour rejoindre les campagnes où, au nom d'un soi-disant principe d'égalité et de partage, les catégories sociales sont abolies au profit d'un travail collectif dans les champs. Lina, sur le point d'accoucher, et sa famille découvrent peu à peu ce que leur réserve le nouveau régime. La confrontation entre deux franges d'une même population, celle qui s'est rangée du côté du pouvoir et celle qui le subit, permet de voir à quel point la frontière est parfois ténue entre ce que l'on pourrait qualifier de "bien" et de "mal" : à travers son récit, l'auteur met en évidence toute trace d'humanité, tant du côté des personnes déplacées que des bourreaux.

Servie par un dessin simple, voire enfantin, qui met d'autant plus en évidence l'horreur de cette page d'histoire tragique, l'oeuvre de Tian rend aisée la compréhension  d'événements parfois complexes. Le récit est fluide, la précision quasi documentaire, le réalisme présent à toutes les pages...  le cinéaste Rithy Pahn qui signe la préface y voit autant de repères "qui nous relient à nos morts". Indispensable pour mieux comprendre l'histoire de ce pays magnifique et de sa population attachante.

Si vous souhaitez suivre l'actualité de Tian, rendez-vous sur son blog L'Année du lièvre



Killing Fields, Cambodge janvier 2013 (© Sylvie Strobl)



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