Sri Lanka, plantation de thé à Nuwara Eliya (© Sylvie Strobl)

dimanche 19 mai 2013

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Mathias Enard
Babel n°1153


Le 13 mai 1506, Michel-Ange débarque à Constantinople, répondant à l'invitation du sultan Bajazat. Celui-ci rêve de jeter un pont sur la Corne d'Or et les plans que lui a proposés Léonard de Vinci n'ont pas eu l'heur de lui plaire ; il fait alors appel au "père" du David et de la Pieta.
Michel-Ange, quant à lui, s'est lassé de l'indécision du pape Jules II dont il a entrepris l'édification du tombeau mais qui peine à le payer ; après quelques hésitations, il décide de quitter Rome pour l'Orient.

Dès son arrivée à Constantinople, c'est le choc pour l'homme de la renaissance italienne. Dans cette ville plus orientale qu'occidentale, il découvre un univers où ses repères sont mis à mal. Et même s'il se laisse prendre au charme du lieu et des êtres, il ne trouve guère l'inspiration pour répondre à la commande du sultan. Entre rencontres, poésie, musique, architecture... Michel-Ange se révèle : tourmenté, peu confiant en son talent mais orgueilleux, avare de ses sentiments, artiste de génie et homme de doutes.

Dès la première ligne, j'ai été séduite par ce roman que j'ai lu avec délectation, le savourant au rythme de ses chapitres courts et réguliers. L'écriture de Mathias Enard se fait lyrique et poétique pour nous plonger dans un univers d'odeurs, de sons, de couleurs et de lumières. Il ne faut guère se forcer pour succomber à la magie stambouliote : humer les épices dans les marchés, se laisser prendre à la musicalité des poèmes persans, danser sur les accords lancinants du oud... c'est tout un univers qui se révèle par la grâce d'une plume alerte. Ce qui n'est pas sans me rappeler un autre roman dont l'écriture raffinée m'avait ravie : "Le tableau de Giacomo" de mon amie Geneviève Bergé. Roman qui - lui aussi - nous plonge en pleine renaissance italienne et que je vous recommande vivement si l'art et l'histoire vous séduisent.

Le tableau de Giacomo, Geneviève Bergé, Ed. Luce Wilquin


Istanbul, Palais de Topkapi, mai 2005 (© Sylvie Strobl)








1 commentaire:

  1. Merci, Sylvie, pour cette belle découverte. J'avoue en avoir beaucoup entendu parlé (de ce roman), sans passer le cap de sa lecture (un thème qui, de prime abord, ne me parlait pas plus que ça). Belle découverte, dépaysement assuré, un beau moment de lecture. J'enchaîne avec Les chaussures italiennes (autre style, autre auteur, même conseillère).

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